Feuille paroissiale de Saint Ambroise

Jusqu’à 70 fois 7 fois !

On la connaît bien la parabole de ce dimanche. Elle fait partie de ces enseignements de Jésus qui sont tellement au-dessus de ce que l’on se sent capable de faire que l’on préfère souvent en réserver l’application aux saints. Comme s’il y avait, dans le peuple de Dieu une catégorie de personnes chargée de mettre en œuvre ce qui serait trop difficile pour le commun des chrétiens !

Pauvre saint Pierre ! Il pensait faire montre d’une longanimité déjà admirable en proposant de pardonner 7 fois à celui qui aurait péché contre lui. Mais voilàque Jésus l’enjoint à aller jusqu’à 70 fois 7 fois, c’est-à-dire à un pardon sans bornes. Et les pauvres chrétiens que nous sommes se demandent s’ils n’ont alors pas pour vocation d’être les dindons de la farce du monde ! C’est peut-être oublier un peu vite la profondeur de ce qu’est le pardon. C’est oublier trop rapidement en tout cas que la question de ce bon Pierre intervient après l’exhortation du Christ à reprendre le pécheur, seul à seul d’abord, puis à quelques-uns et enfin avec toute l’Eglise.

Le pardon dont il est question ici, est un pardon qui ne peut se jouer et se donner que dans la vérité d’un corps qui cherche à aimer, à prier, à faire vivre la miséricorde divine au milieu de ce monde. Il ne peut y a voir de pardon que si la faute est découverte, que si le péché est dénoncé comme une défiguration de l’homme pécheur. Pardonner en chrétien, ce n’est pas passer l’éponge sur une table inlassablement souillée. Pardonner en chrétien, c’est entrer dans le mystère de Dieu qui fait jaillir la lumière des profondeurs obscures de notre humanité. Et cela n’est pas réservé aux saints… Ou plutôt, si : c’est le privilège des saints que nous sommes par notre baptême !

Édito du Père Baptiste MILANI, vicaire

Fip-33-du-13-septembre-2020 Télécharger