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Feuille paroissiale n° 09 du 28 février 2021

Feuille paroissiale – 2éme dimanche de Carême

Dressons donc trois tentes

D’ordinaire, nous comprenons assez bien cette volonté de Pierre de vouloir suspendre le cours du temps. En temps ordinaire, nous rêvons de pouvoir arrêter quelques instants la marche un peu folle de notre journée pour goûter la joie d’être auprès de Dieu.

Pierre, Jacques et Jean ont marché longuement, ils ont écouté et suivi Jésus, ils sont enfin arrivés en haut de la montagne, et là, non seulement, ils vont pouvoir se reposer un peu mais ils vont pouvoir le faire en compagnie de Jésus, Moïse et Elie : que demander de plus ? Rien. Et c’est certainement pourquoi Pierre veut planter des tentes.

Oui mais voilà, le maître en a décidé autrement. De tentes, il n’y en aura pas, pas plus que de pause ou de suspension du cours du temps. Même sous l’excellent prétexte de la transfiguration. Alors, évidemment, en ce moment, il résonne un peu à l’envers ce passage d’évangile : quand tout est suspendu, quand le temps paraît courir bien moins vite, au contraire nous voudrions relancer la marche un peu plus vite.

Reprendre les choses comme avant. Et pourtant, la transfiguration nous donne la même leçon que lorsque nous désirons tout arrêter : que les choses nous filent entre les mains ou que l’écoulement temporel nous semble figé, il se passe quelque chose. Dans le silence comme dans le vacarme, la présence de Dieu ne se saisit pas, mais elle change tout. Elle vient transformer la banalité, la lenteur comme la célérité en un moment unique dans lequel Dieu se donne.

C’est bien difficile, il faut en convenir, mais c’est le roc sur lequel nous pouvons nous appuyés pour traverser la tempête. Le salut ne se jouera pas demain, il ne se jouera pas même dans quelques heures : il se donne tranquillement, ici et maintenant, que je sois emporté par les flots d’une activité débordante ou englué dans un ennui qui semble ne jamais devoir finir.

Demandons cette grâce pour le carême de jeûner un peu de notre soif de tout maîtriser, faisons-nous à nous-mêmes et au monde l’aumône de goûter la tendresse d’un Dieu qui ne se donne qu’au présent. Accueillons-le qui se donne dans le mystère de notre pauvre prière. Amen.

Édito du Père Baptiste MILANI, vicaire

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