Feuille paroissiale du Temps Ordinaire
Combien ?
Saint Pierre est un homme généreux. C’est beau, c’est grand, de pardonner sept fois quelque chose à son frère. C’est beaucoup, surtout si cela fait mal sept fois. Le nombre est parfait et l’on peut se dire que tout a une fin.
Pourtant le Seigneur lui répond : je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Il nous fait passer d’un nombre qu’on peut appréhender à une opération, une multiplication, que nous ne sommes pas capables de résoudre sans réfléchir : sept fois sept et je rajoute un zéro. Le calcul fait, nous ne pouvons pas nous représenter précisément quatre cent quatre-vingt-dix, seulement penser que c’est beaucoup. On arrêtera de compter avant d’y arriver.
Ainsi, nous passons d’une mesure humaine, large et harmonieuse mais finie, à la mesure de Dieu, infinie, qui ne compte plus. De ce basculement dépend notre capacité à correspondre à la miséricorde de Dieu et, finalement, notre salut. Pour nous y aider, puisque cela nous est difficile, le Seigneur nous donne la parabole du débiteur impitoyable. C’est une parabole terrible. Elle est sans faille, ne nous laisse pas d’échappatoire. Elle nous sauve ou elle nous juge. Il nous faut bien basculer dans la mesure de Dieu.
Le drame de ce serviteur est d’oublier la compassion du roi, la dette remise. Il n’y a pour lui pas de rapport entre sa relation avec le roi et celle avec son compagnon. Il ne voit plus qu’il a le même roi que son compagnon. Nous ne deviendrons pas miséricordieux par un simple accroissement de notre générosité humaine, elle ne peut qu’additionner. Il s’agit de changer de mesure comme le fait une multiplication, de recevoir vraiment le pardon de Dieu et d’en rendre grâce.
Abbé Armel d’Harcourt
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